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Je vous invite à écouter mon podcast "MON PLEIN DE VIE", en écoute ICI.
Épisode 5 : "La gourmandise, ce péché mignon".
« LA GOURMANDISE COMMENCE QUAND ON N'A PLUS FAIM »
avait déclaré Alphonse Daudet. Excellente définition de ce « vilain défaut » qui nous prend en traître alors qu’on se croit repu, voire nous fait manger sans faim et sans fin !
Ah la gourmandise, on n’aime rien tant qu’y céder après y avoir résisté plus ou moins longtemps… sans succès. Une explosion de saveurs, un feu d’artifice en bouche et dans notre cerveau. Elle est irrésistible. Ce n’est d’ailleurs pas pour rien qu’elle symbolise le péché originel, pauvre Eve accusée de bien des maux après avoir croqué dans cette fameuse pomme...
Dès le VIème siècle, le pape Grégoire l’associe à la luxure, plaisirs du ventre et du bas-ventre étant considérés comme proches. L’Église condamne d’ailleurs « ceux qui font un Dieu de leur ventre ».
Au XIIIe siècle, c’est Saint Thomas d’Aquin qui dresse la liste des sept péchés capitaux, parmi lesquels figure, donc, notre gourmandise, susceptible d’entraîner d’autres pêchés. On lui oppose la tempérance, qui est l’une des quatre vertus cardinales (avec le jugement, la force et la prudence).
L’ORIGINE DE LA « GOURMANDISE »
Au fait, d’où vient le mot « gourmandise » ? Il vient du bas-lattin glutto, glouton et dès le 14e siècle, certains commencent tranquillement à vouloir faire la distinction entre gourmandise, et son penchant grossier, la gloutonnerie, ou pire la goinfrerie. D’ailleurs en anglais, gluttony signifie goinfrerie. Mais l’Eglise ne veut point entendre ces subtilités de langage. Il se raconte que les gourmands sont légion parmi les moines, et qu’ayant renoncé aux plaisirs de la chair, ils seraient tentés de céder à ceux de la bonne chère.
À la fin du XVe siècle, Dante relègue même la gourmandise au troisième cercle de l’enfer, dans sa « Divine comédie », les gloutons sont immergés dans la boue, sous une pluie battante, pire, sous la grêle, assaillis par les coups de griffes et les morsures sans pitié de Cerbère, le fameux gardien des Enfers. Bref, il ne fait pas bon être taxé de « gourmand ».
Le temps passe, et la gourmandise est toujours aussi mal vue. Les théologiens prônent la modération. Peu à peu, le comportement à table devient plus encadré et la gourmandise se « civilise », dira-t-on.
UN ÉCLAIRAGE NOUVEAU
Les Lumières éclairent la gourmandise sous un nouveau jour, mais elle ne saurait éclipser les disettes de la Révolution.
Au début du XIX°, Brillat-Savarin, qui a donné son nom au fromage éponyme, a également donné ses lettres de noblesse à la gourmandise. Il en est de même pour Grimod de la Reynière, qui publie « L’Almanach des gourmands », qu’on pourrait qualifier de premier guide gastronomique. Une époque où l’embonpoint est valorisé, « embonpoint » signifiant littéralement en bonne santé, physique, sociale et économique. Les fins gourmets sont d’honnêtes hommes, mondains, respectables… Maupassant n’hésite d’ailleurs pas à lui déclarer sa flamme : « De toutes les passions, la seule vraiment respectable me paraît être la gourmandise ». L’art du bien manger, et les plaisirs libertins se développent. On écoute plus la science, et moins l’Eglise.
DE LA GOURMANDISE À LA GASTRONOMIE
Le terme de gastronomie remplace peu à peu celui de gourmandise, trop connotée « religion ». Car la gourmandise est toujours « répréhensible » aux yeux de l’Eglise. En 2003, Jean-Paul II a d’ailleurs reçu une requête demandant enfin officiellement à ce que la goinfrerie remplace la gourmandise en tant que péché capital. Jean-Paul II n’est plus de ce monde, et à ce jour, la question délicate de la gourmandise, n’est pas tranchée. Désormais, l’heure est aux régimes à tout va, au contrôle alimentaire, et la gourmandise est souvent regardée d’un œil suspicieux. Mais de la « Grande Bouffe » au « Festin de Babette », il y a bien cinquante nuances de gourmandises. Eh non, il n’y pas de mal à se faire du bien, tout est dans la modération. Et voilà qu’on en revient à cette sacrée modération !
LE MOT DE LA F(A)IM
Mais avouons que la gourmandise fait tourner les têtes : pourquoi se sent-on aussi bien lorsqu'on craque pour un éclair au chocolat ? Et parfois aussi mal après ? Excellente question ! Alors pour tout savoir sur les dessous de la gourmandise, je vous invite à lire mon prochain article "La gourmandise nous met l'eau à la bouche", ou à écouter l'épisode 5 de mon podcast "Mon plein de vie" !